La livraison de vendredi de la presse quotidienne semble partagée entre l’impatience de connaître le verdict du procès de Khalifa Sall et les échos du passage du Premier ministre à l’Assemblée nationale, où Mahammad Boun Abdallah Dionne répondait la veille à des "questions d’actualité" des députés lors d’une séance plénière. "Suspense total avant l’annonce du verdict" du procès du maire de Dakar, signale le quotidien L’As, selon lequel tous les regards sont braqués ce vendredi sur le Tribunal correctionnel de Dakar pour connaître le sort réservé à Khalifa Sall et ses 7 co-présumés, poursuivis pour détournement de fonds présumé portant sur 1,8 milliard de francs CFA.
"Après un an de suspense, l’affaire de la caisse d’avance" de la mairie de Dakar, "qui vaut une détention préventive à Khalifa Sall (depuis le 7 mars 2017, NDLR) et à cinq de ses collaborateurs, va connaître son épilogue, aujourd’hui", vendredi, écrit Enquête. "Jour de verdict", affiche ainsi ce journal à sa Une, donnant la parole aux deux camps. "Si on ne sanctionne pas, c’est la porte ouverte à tout", déclara par exemple Me Boubacar Cissé, un des avocats de l’Etat dans cette affaire.
A cet argument qui se veut imparable, Me Ciré Clédor Ly, avocat de Khalifa Sall, apporte une réplique dont la force morale interpelle certains des acteurs principaux de cette affaire. "Aux juges, après avoir rendu leur décision, d’être quitte avec leur conscience", souligne-t-il. "Jour de vérité pour Khalifa Sall", titre de son côté le journal Le Quotidien, mais plusieurs journaux, à l’instar de Vox Populi, notent que la grève des greffiers "risque de faire reporter la sentence".
"A moins d’un renvoi du délibéré tel que le souhaite le Forum du justiciable dans un contexte de grève des travailleurs de la justice, le verdict qui va être rendu ce vendredi par le président Malick Lamotte et ses assesseurs fera date dans les annales de la justice sénégalaise", écrit Tribune. "A cause de la grève des greffiers qui risque de rendre non exécutoire ce verdict, le Forum du justiciable invite le juge Malick Lamotte à renvoyer le délibéré +jusqu’à ce que toutes les conditions soient réunies+. La décision du tribunal de Dakar sera connue ce vendredi, sauf prolongation de dernière minute", relève Walfquotidien.
"Interrogations au tour d’un délibéré", renchérit Libération. "Aujourd’hui, c’est le grand jour. Khalifa Sall et ses codétenus doivent normalement connaître leur sort. Mais la grève des greffiers risque de tout saper" et l’annonce du verdict pourrait être renvoyé, selon ce journal. Il reste que si l’on en croit Source A, l’avenir de la ville de Dakar et ses employés "ne tient plus qu’à un fil". Pour le reste, le chef du gouvernement sénégalais, de passage à l’Assemblée nationale jeudi après-midi, pour répondre à des "questions d’actualité", fait la Une de plusieurs journaux, dont Le Soleil.
"Une session riche en éclairages", titre ce journal en allusion à cette session plénière au cours de laquelle de nombreux sujets ont été abordés par le Premier ministre dans ses échanges avec les députés. Des négociations Etat-syndicats à la révision des tarifs de l’autoroute à péage, en passant par la présidentielle 2019, le parrainage, les rapts d’enfants, le nouvel appui au monde rural, l’eurobond, la ZLECA, Air Sénégal, autant de sujets qui fondent la conviction de Mahammad Boun Abdallah Dionne selon laquelle le Sénégal "est en mouvement".
"Comédie à haut débit", réplique à sa Une Source A, titre d’un billet assassin du journal, selon lequel les députés, qui "ne sont là que pour leurs proches", n’ont pas pu "tirer les oreilles (des) acteurs de la dictée préparée qui s’est jouée hier à l’Assemblée nationale". "Bref, ce qui se passe sous nos cieux s’appelle comédie à haut débit", au regard de la situation sociale du Sénégal, "un pays paradisiaque" dont le journal ne se lasse pas de détailler les problèmes sociaux avec une ironie qui tue.
Le journal L’Observateur concède que le Premier ministre et son gouvernement "ont prêché devant des convertis", l’opposition ayant décidé de boycotter la séance pour protester notamment contre le temps de parole qui lui est imparti. Cela n’empêche, le Premier ministre "a apporté des réponses à toutes les questions", soutient Libération, même si Enquête, se prévalant d’une analyse visiblement divergente, estime que Mahammad Dionne "n’a presque apporté rien de nouveau sur l’actualité".
Selon ce journal, "tout a été dit et entendu sur l’éducation, la CMU, la commercialisation de l’arachide, Sénégal Air, etc.", mais il y a que le parrainage électoral, a particulièrement retenu l’attention de plusieurs quotidiens. "Le pouvoir +vend+ son choix aux députés", peut-on lire à ce sujet à la Une de Walfquotidien. "Nous disons parrainage pour tous ! C’est tout", insiste le Premier ministre dont les propos font la première page de Vox Populi.
L’As propose une variante fleurie et marketisée de la position du Premier ministre. "Sénégal pour tous, parrainage pour tous", répète Mahammad Boun Abdallah Dionne, qui n’est là pas très loin d’un slogan. La messe semblant dite, Le Quotidien s’en va déjà détailler le schéma du pouvoir sur cette question, citant des précisions du garde des Sceaux, justement lors de la séance des "questions d’actualité" à l’Assemblée nationale.
Selon le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, "un droit de recours est prévu pour d’éventuelles candidatures rejetées dans le cadre du parrainage", ce qui laisse tout loisir au Premier ministre de clore comme suit le débat : en matière électorale, le président Macky Sall "+ne fera pas moins que ses prédécesseurs+ (...)", promet-il dans des propos mis en exergue par Le Quotidien. BK/PON
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